Andalousie 2017 : spectacle de flamenco à Grenade Le spectacle de flamenco vu par un élève de Seconde

(actualisé le ) par prof_espagnol

Et ainsi, je passai la porte de bois, seul rempart aux arabesques entremêlées entre moi et ce qui m’attendait derrière… La pénombre régnant dans la salle circulaire ainsi que le froid m’oppressaient. Puis, la foule se déversant dans un flux d’odeurs et de couleurs me précipita sur ce siège de toile où tout allait se jouer… L’attente faisait monter en moi et sur le reste un froid artificiel, haleine froide soufflée des bouches d’aération. Sur le carré de bois qu’est le centre de la scène, le guitariste entame sa complainte, aussitôt suivi par les chanteurs sur ce chemin emprunté tant de fois… La mélodie mouvante chuchote en hurlant à mes oreilles. Ainsi, cette berceuse rythmée me plonge en un état second, état bientôt rompu par l’apparition inattendue d’une flamme à forme humanoïde, drapée de sa robe empourprée du feu de la passion. Son visage concentré à l’extrême et son corps tendu se préparent à agir…
Elle commence à se mouvoir, à tournoyer, à attaquer le plancher de ses sandales bordées de fer. La force de la danseuse et la rage dans ses mouvements se répandent dans la pièce, tel un gaz dont les langueurs exciteraient nos esprits fébriles. Un changement survient dans la foule. Et nos regards ne pouvaient quitter cette bailaora. Elle tournoie et soulève des particules de poussières, illuminées par l’éclairage… Le temps suspend son vol en cet instant merveilleux. Il repart cependant de plus belle, porté par le rythme des percussions. Les coups de cette flamme gitane à la grâce d’une rose au pétale rouge sang et aux épines acérées résonnent et s’inscrivent en nous dans ce rituel sacré du flamenco.
Durant ce spectacle, tous sentiments et préoccupations ont quitté mon corps, je n’existe plus que grâce aux mouvements de cette femme, mon cœur bat au rythme des percussions et mes yeux ne voient que ce rouge entêtant et flamboyant. Union spirituelle du spectacle et moi et de moi au spectacle, communiquant ainsi avec les esprits gitans et goûtant à une ivresse idyllique. Et lorsque la danseuse finit de survoler la scène en battant de sa robe et de ses pieds, le tonnerre d’applaudissements dissout tout ce que nous vîmes et me ramène à l’intérieur de cette salle froide et obscure.
V.P.