Beethoven à Radio France Activité du mois de janvier

par cultur_evariste

Voici l’article proposé par une élève sur le Concert de l’Orchestre philharmonique de Radio France et la pianiste E. Leonskaja - "Beethoven, Concerto n°4" :

Le vent est frais, il se faufile entre les passants et les véhicules, il siffle. L’eau de la Seine est noire, elle frappe les berges et les bateaux, elle claque. La lumière est éblouissante, elle tourne et scintille, elle agite. Tout les sens sont saturés, puis, le silence ! Tous sont assis, dans l’auditorium, portes verrouillées, les yeux fixés sur la scène, retenant leur souffle, le silence serait presque assourdissant. Enfin, le silence a assez duré, la musique peut commencer.

Une touche, ou un son, peut-être plusieurs, résonnent. L’air reste bloqué, notre trachée est surchargée, la fantaisie continue, elle nous souffle, elle nous pique et l’on respire. La surprise est finie, pour le moment, place à l’attention. Aux aguets, nous suivons le rythme : comme cela est doux, comme cela est vif, comme cela est brut, comme cela est ... Tant de changements, notre esprit tente avec efforts de se concentrer et de suivre le rythme mais il semble que notre attention nous ait quitté. La musique ne s’arrête pas, nous sommes perdus. Pourtant, nous sommes béats : nous sommes transportés, nous ne sentons plus notre corps, nous ne pensons plus, nous vivons, la musique nous fait vivre, dans l’espoir que cette sensation onirique ne s’arrête pas.

Pause

Sensation horrible qu’est l’attente, le temps se suspend, derniers réglages, inspiration et démarrage. La ballade peut commencer : une nature splendide, des couleurs accordées à un doux temps de printemps, le chardonnet qui élève sa voix telle une caresse. Ne serait-ce pas le soleil qui approche, accompagné du vent et ses vagues de frissons, et qui effleurent tout un chacun d’une manière si particulière qu’ordinaire ? Les éléments font vivre ce tableau avec un entrain inconnu. La rivière éclabousse doucement les roches du rivage, les feuilles bruissent et accompagnent l’oiseau chanteur, le soleil brûle d’une cadence sans repos pour illuminer cette symphonie. Le printemps danse, il appelle toute la flore et la faune, l’invite à fêter son arrivée, en tournoyant, fanfaronnant et se reposant sur la rive. Cependant, la scène prend fin et chacun se retourne vers son silence.

Pause

Encore cette irritation qui vous ronge, le suspens soulevé toujours plus haut jusqu’à la chute, qui arrive d’un commun accord entre le geste, le vibrement de la corde, qui engendre le bruit, et la passion. Celle-ci même qui, lorsque le songe vous enlace trop fort, vous libère de l’enchantement. Celle-ci même qui, alors que le confort vous gagne, vous fait trembler d’une folie mystérieuse. Celle-ci même qui, lors du concerto de confusion serre votre cœur dans ses mains illusoires. Le sang pulse, le doigt bat, l’air nous trompe, il s’éteint puis renaît de légères braises, toujours fumantes qui recrachent le feu d’un amour excessif. Puis vient le dernier effort, l’explosion du son comme l’implosion de l’être ; le final d’une œuvre éternelle.

Fin

Ce fut époustouflant.

Maëlle C.